5 idées reçues sur les seniors au travail que le secteur de l'assurance fait voler en éclats

Le débat public sur le vieillissement de la population active et l'emploi des seniors est devenu un défi majeur pour les entreprises françaises. Alors que beaucoup cherchent encore des solutions, le secteur de l'assurance a pris les devants en signant un accord novateur le 25 juin 2025. Cette initiative offre une source d'enseignements surprenants qui remettent en question nombre de nos idées préconçues sur les travailleurs expérimentés. Cet article explore les points les plus contre‑intuitifs et impactants de cette démarche, qui dessine peut‑être l'avenir du travail intergénérationnel.

Le mythe de la « fin de carrière » : les seniors, une force de travail en pleine croissance.

Contrairement à l'idée d'un déclin inéluctable ou d'une présence marginale, la part des salariés expérimentés dans le secteur de l'assurance n'a cessé d'augmenter. Loin d'être une population en partance, ils constituent une composante essentielle et croissante des effectifs, comme le prouvent les chiffres :

• La part des salariés de 55 ans et plus est passée de 10,9 % en 2004 à 17,8 % en 2024.
• Sur les 20 dernières années, la part des 60 ans et plus a été multipliée par 10.

Le secteur ne se prépare pas à leur départ ; il s'appuie sur leur présence renforcée pour construire son avenir.

Technophobes ? Au contraire, ils sont les champions du télétravail.

Le stéréotype du travailleur plus âgé, mal à l'aise avec les nouvelles technologies et les modes de travail modernes, a la vie dure. Pourtant, les données du secteur de l'assurance le démystifient complètement. Loin d'être réfractaires au changement, les salariés expérimentés ont pleinement adopté les nouvelles organisations : le nombre de jours télétravaillés par les salariés seniors est supérieur à la moyenne de la branche. Ce chiffre n'est pas anecdotique. Il démontre une maîtrise des outils de collaboration à distance, une grande autonomie numérique, et un niveau de confiance et de responsabilité élevé. C'est une double victoire sur les clichés : celle de l'aptitude technologique et celle de l'adaptabilité à une culture de travail moderne et autonome.

Plus qualifiés que jamais : le nouveau visage du salarié expérimenté.

L'idée que les compétences des seniors deviennent obsolètes avec le temps est une autre idée reçue que les faits contredisent. Le profil du salarié expérimenté dans l'assurance a radicalement changé en deux décennies. Les données sur leur niveau de formation sont éloquentes :

• En 2022, 58 % des salariés de 55 ans et plus avaient un niveau Bac+2 ou supérieur, contre seulement 25 % en 2002.
• Plus frappant encore, la proportion de salariés expérimentés titulaires d'un Bac+5 a doublé sur la même période, passant d'une rareté à une norme.

Le "salarié expérimenté" d'aujourd'hui est un professionnel hautement qualifié, dont le bagage de compétences a évolué avec les exigences du secteur.

Un engagement concret qui va au‑delà des mots : un accord pour changer la donne.

La démarche du secteur de l'assurance se distingue par son caractère proactif et pionnier. Les partenaires sociaux n'ont pas attendu une contrainte légale pour agir. Ils ont conclu leur accord en devançant l'obligation de négociation issue de l'Accord National Interprofessionnel (ANI) du 14 novembre 2024. Cette anticipation témoigne d'une volonté réelle de prendre en main le sujet, non par obligation, mais par conviction.

Cet accord signé entre France Assureurs et 5 organisations représentatives le 25 juin 2025 est le tout premier conclu en la matière au niveau d'une branche professionnelle.

- FRANCE ASSUREURS

De la mi‑carrière à la retraite : un accompagnement pensé pour durer.

L'accord ne se limite pas à des mesures pour la toute fin de carrière. Il adopte une vision globale et humaine du parcours professionnel. L'introduction de mesures comme l'entretien professionnel renforcé autour de 45 ans est stratégiquement significative : elle déplace le curseur de la simple gestion d'une sortie vers un investissement réfléchi dans les vingt prochaines années de carrière. Cette approche proactive, qui inclut aussi la visite médicale de mi‑carrière et des dispositifs comme la retraite progressive ou le mécénat de compétences, vise à maintenir l'employabilité et le bien‑être sur le très long terme.

En signant cet accord sur l'emploi des salariés expérimentés, nous affirmons que la fin de carrière ne doit pas être une contrainte mais un droit choisi et digne.

- UNSA

Conclusion : Une nouvelle vision du travail intergénérationnel

En traitant le vieillissement de la main‑d'œuvre non pas comme un risque à subir mais comme un atout stratégique à gérer, le secteur de l'assurance offre une leçon magistrale. La véritable question n'est pas de savoir si les autres secteurs peuvent s'en inspirer, mais s'ils peuvent se permettre de ne pas le faire.